Loana, fondatrice de la marque Poe Ora, porte ses créations en perles de Tahiti. (©Nina Hossein-Zadeh)
Le 26 décembre dernier, sur la place du Square Charles de Gaulle, les derniers visiteurs du marché de Noël de Toulouse ont pu tomber nez à nez avec Loana. Installée dans l’un des chalets des créateurs, elle proposait à la vente ses bijoux faits main.
Elle n’a que 23 ans et pourtant, la jeune femme originaire de Moorea en Polynésie française n’a peur de rien. Créative, avec l’envie de promouvoir sa culture, elle a créé son entreprise pour sa marque Poe Ora afin de financer ses études.
Un parcours atypique
Cela fait trois ans que Loana a posé ses valises à Toulouse. Après une licence arts du spectacle études chorégraphiques, combinée à un double cursus au conservatoire régional de Strasbourg en danse contemporaine, elle a rejoint la Ville rose.
Désormais, danseuse professionnelle et circassienne, elle est en Master 2 en arts de scène, études théâtrales, chorégraphiques et circassiennes à l’Université Toulouse Jean-Jaurès. Pour cette étudiante, la manière de financer ses études a été source de choix.
« Je dis souvent que j’avais deux choix : créer ma marque et me démener pour mes propres projets ou travailler dans un fast-food. » Elle décide alors de devenir son propre patron.
« Je me suis dit que je pouvais le faire »
Ce choix, Loana l’assume. « Ce n’est pas forcément plus rentable », explique-t-elle, notamment en cette période où l’inflation n’exempte pas les étudiants.
En 2019, son aventure de créatrice de bijoux débute. À l’époque, elle fabrique pour son plaisir ses bijoux, ses vêtements et paréos teintés et ses trousses de rangement.
Un quotidien mouvementé…
Cette aventure implique de nombreuses responsabilités pour Loana. Notamment celui de tenir un emploi du temps cadré et très rempli.
Entre l’administration, la comptabilité, la gestion des stocks, les marchés, les démarchages commerciaux et les cours à l’université, son quotidien est riche et mouvementé… Du lundi au dimanche ! Seul jour de repos : le samedi, avoue-t-elle. Mais pour la Polynésienne, pas de quoi s’apitoyer sur son sort.
"Je ne pourrais pas faire moins. C'est mon quotidien. Je marche à la passion, je fais ce que j'aime. Je sais ce que je veux et ce que je ne veux pas. On me dit souvent : 'Tu as combien de vie ?', 'Tu ne t'arrêtes jamais ?'. Oui, je ne compte pas mes heures, mais j'ai de bons retours, je vois les mentalités changer... C'est ça mon trésor !"
… Mais un objectif atteint
Parfois submergée, Loana garde le sourire malgré la fatigue qui peut peser. Il faut dire que son objectif est atteint !
« Même si les loyers sont chers, je m’en sors financièrement. » Parce qu’elle ne compte pas ses heures, martèle-t-elle. « Mais je sais pourquoi je suis ici : pour développer mes projets, me faire un salaire correct. »
Loana profite de ses soirées pour assembler les bijoux proposés sur son stand. (©Loana / Poe Ora)
Poe Ora, mise en lumière d’une culture exotique
À ses débuts, pour vendre ses créations, la jeune créatrice ouvre sa boutique en ligne. Mais Loana a le goût des rencontres et de l’échange. En 2023, son expérience d’étudiante entrepeneure prend un nouveau tournant.
Elle décide de monter son stand et de rejoindre les marchés de Toulouse et les différents festivals polynésiens comme Ori Heitiare Tahiti à l’Union. Sur place, elle raconte. Son histoire évidemment, mais aussi celle de la culture tahitienne.
« Les Français ne la connaissent pas et je vois qu’il y a plein de clichés autour de la Polynésie. L’idée, c’est de remettre les choses en place en revalorisant cette culture. » Pour cela, elle propose un produit phare parmi les autres : la perle de Tahiti.
Rendre la perle accessible à tous
Sur son stand, ses boucles d’oreilles, ses bagues, ses colliers et ses bracelets sont affichés entre une vingtaine et une soixantaine d’euros. Un prix « juste qu’on retrouve à Tahiti ».
« Les gens ont tendance à penser que la perle est un produit de haute joaillerie inaccessible », déplore l’étudiante. Avec Poe Ora, elle compte bien démontrer que ces perles de cultures sont accessibles à tous.
Ces perles d’orient aux 178 nuances différentes sont travaillées « par des professionnels en Polynésie ». Une fois reçues, Loana s’occupe du montage dans son petit appartement. Sur son stand, elle aime mettre en avant des perles comme on les voit rarement.
Cerclée, en forme de goutte ou ovale, brillante ou pas, aux multiples couleurs, la fondatrice de Poe Ora aime les particularités et les singularités des coquillages qu’elle sélectionne.
Créatrice de bijou, mais pas que !
Dans son quotidien déjà bien rempli, Loana a réussi à caler d’autres activités qui lui tiennent à cœur. La danseuse professionnelle est présidente de l’association Etudanse, où elle donne des cours.
Lorsqu’elle ne danse pas, Loana vole ! Elle propose des cours de Yoga Aérien au Syp de Toulouse.
Une jeune femme qui n’a peur de rien et qui projette de rentrer tôt ou tard sur son île pour développer encore bien d’autres projets.